Sources liées
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Zone d’identification
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Nom
- GAUMONT, Jean
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Zone de description
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Dates
- 1876 - 1972
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Histoire
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« Né le 21 janvier 1876 à Précy-sous-Thil (Côte-d’Or), mort le 16 mars 1972 à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) ; fonctionnaire à l’Assistance publique de Paris ; syndicaliste ; socialiste ; coopérateur ; historien de la coopération.
De famille paysanne et ouvrière, J. Gaumont fit de bonnes études à l’école primaire de Précy, puis entra comme boursier au collège de Saulieu et y demeura jusqu’au moment où le principal du collège fut nommé à Saint-Nazaire. Gaumont l’y suivit et passa dans cette ville la première partie du baccalauréat moderne. Il échoua à la seconde partie et devait entrer au lycée de Dijon pour doubler la classe de philosophie et préparer en même temps le concours d’entrée à Saint-Cyr, lorsque, sur un coup de tête, il renonça et préféra s’engager dans l’armée. Il fut incorporé au 22e régiment d’artillerie à Versailles et fut rapidement nommé sous-officier. En butte à l’hostilité de son capitaine il termina son temps d’engagement comme secrétaire à l’état-major de l’artillerie et renonça définitivement à la carrière militaire. Pendant ces deux années, Gaumont s’était remis à étudier l’histoire et la littérature et avait commencé à s’intéresser aux questions sociales sous l’influence d’un lieutenant, Charles Guieysse, qui devait par la suite abandonner la carrière militaire et devenir fondateur de la revue syndicaliste et coopératiste Pages libres et secrétaire général de la Fédération des Universités populaires.
Revenu à la vie civile, Gaumont passa un concours pour entrer à l’administration de l’Assistance publique de Paris. Il fut affecté pendant deux ans à des bureaux de bienfaisance, ce qui lui fit connaître de près la vie misérable des classes populaires, puis au Service central des Enfants assistés de la Seine.
La détermination de Gaumont à assumer une activité sociale lui vint vers 1904, sous l’influence de collègues coopérateurs et des écrits de Guieysse dont le socialisme était orienté vers la coopération et le syndicalisme, et par sa fréquentation des milieux militants dans lesquels l’entraînait son travail, y baignant dans l’atmosphère fiévreuse et enthousiaste de leurs discussions. Alors commencèrent vraiment ses recherches passionnées d’autodidacte, lisant et relisant Proudhon dont il subit profondément l’influence et dont il se réclama sans cesse au long de sa vie (les Récits et souvenirs que Gaumont a laissés y font souvent référence), admirant Benoît Malon, le socialiste coopérateur de Puteaux, dont le réalisme le séduisait. Ce fut ensuite le choc produit en lui par Jean Jaurès, qu’il fut longtemps à voir mais dont il dévorait jusqu’aux moindres écrits, Jaurès dont il ne cacha pas bientôt qu’il se « sentait pénétré de fierté et même d’orgueil » de se reconnaître comme un de ses disciples au sein de la SFIO où il entra en 1906. L’année suivante avec les ouvriers du faubourg Saint-Antoine, il fonda une société coopérative de consommation « la Famille du XIe ». D’autre part, il avait fait la connaissance, entre 1905 et 1908, d’Hubert Lagardelle et de son Mouvement socialiste auquel il collabora auprès de Philippe Landrieu et de Jean Longuet. Lecteur assidu aussi de La Coopération des Idées, fondée par Georges Deherme en 1895, il apprenait la vie des coopératives anglaises à travers les écrits de Cernesson, il découvrait Charles Fourier dans l’ouvrage à lui consacré par Hubert Bourgin, Owen dans celui de Dolléans. Ami des socialistes de son cher département de la Côte-d’Or, il approcha souvent Bouhey-Allex puis Mairey dont il devint l’ami et le correspondant, se sentant avec eux en grande communion d’idées. La Fédération socialiste de Dijon confia à Gaumont, à deux reprises, un mandat de délégué fédéral aux VIIIe puis Xe congrès national de la SFIO en 1911 et 1913. Mais surtout, il y eut Mutschler, Mutschler dont la rencontre et la fréquentation déterminèrent la vocation primordiale de Gaumont vers la Coopération et firent de lui un chaleureux partisan de l’Unité coopérative française réalisée en 1912. Mutschler était en relations avec les coopérateurs suisses et allemands, car il était correspondant de leurs journaux. Il montra à Gaumont l’insuffisance de sa culture coopérative et, au cours de nombreuses séances qui se prolongeaient souvent tard dans la nuit, il fut pour Gaumont un véritable professeur de coopération. Sous cette influence, un cercle d’études fut créé à l’intérieur de « la Famille du XIe » avec une cinquantaine d’ouvriers syndicalistes. Pour alimenter les causeries du cercle, Gaumont fut amené à étudier l’histoire et la pensée de la coopération française et étrangère.
« La Famille du XIe » appartenait à la Bourse des coopératives socialistes. Avec divers camarades — Mutschler, Albert Thomas, Henri Sellier — Gaumont sentit le besoin d’unifier le mouvement coopératif français et, dans la Revue socialiste où la chronique coopérative lui avait été confiée, il fit campagne en faveur de l’unité.
À la suite de l’unification du mouvement en 1912-1913, Gaumont fut élu au Conseil central de la nouvelle fédération ; il devait y rester jusqu’en 1935 date à laquelle le mouvement coopératif fut réorganisé sur des bases nouvelles après la faillite de la Banque des coopératives.
Mobilisé à Lyon pendant la guerre de 1914-1918, Gaumont put consulter les archives municipales et eut en main des collections importantes de journaux et de documents de police. D’autre part, il eut accès aux archives du journal Le Progrès et cela lui permit d’étudier le mouvement ouvrier à Lyon et en particulier l’activité des coopérateurs de la région. La guerre terminée, il reprit, sous une forme nouvelle, le projet d’un livre d’or de la coopération française qui lui avait été suggéré dès l’unité. Ce fut l’Histoire générale de la coopération française de ses débuts à 1914, qui parut en 1924.
Il professa à l’École coopérative fondée par François Simiand et fut l’un des fondateurs de l’Office central de la coopération à l’école dont il occupa le poste de secrétaire général de 1930 à 1948 et dont il demeura le trésorier adjoint. Il fut aussi membre du conseil supérieur de la coopération au ministère du Travail, depuis sa fondation en 1918 jusqu’à la guerre de 1939.
En 1906 il avait écrit son premier ouvrage Les trois aspects du socialisme qui eut quelque retentissement et lui valut discussion avec Lagardelle. En 1910 suivit son L’État contre la Nation. De plus en plus s’ouvrait devant lui la voie coopérative, une orientation fortifiée par la découverte charnelle qu’il fit de 1909 à 1911 des Mouvements coopératifs de Belgique (où il rencontra Albert Thomas), de Grande-Bretagne, avec Jean Longuet, puis de Suisse, où il connut Edgard Milhaud, voyages organisés par l’Humanité de Jaurès et la Bourse des coopératives socialistes. Les chapitres XX bis à XXII bis de ses Souvenirs en fournissent d’émouvantes relations. Son expérience coopérative de La Famille du XIe arr. de Paris l’avait mis en contact avec les responsables de la Bourse des Coopératives socialistes où il fit la connaissance de Poisson et de Gaston Lévy, ainsi que de nombreux militants qu’il allait retrouver longtemps chaque année dans les congrès nationaux de la FNCC de 1912 à 1934, tels Cozette, Lucas, Henriet, Svob, Buguet, sans oublier Xavier Guillemin puis Héliès qui furent à une époque des responsables centraux du Mouvement coopératif. Dès la fondation par la FNCC d’un Office technique, Gaumont lui apporta sa collaboration, et, en 1923 répondant à l’appel de Bernard Lavergne, devenant dans les colonnes de la Revue des Études coopératives le chroniqueur attitré de comptes rendus très circonstanciés des débats des congrès nationaux annuels. Une collaboration qui cessa en 1934 après la défaillance de la BCF qui traumatisa profondément le militant scrupuleux et intègre que fut toujours Jean Gaumont. Il fit alors partie de la première Commission d’enquête constituée par le CA de la BCF pour une première recherche des responsabilités dans cette défaillance. Lors de la réorganisation coopérative qui suivit en 1935, il ne fit plus partie des conseils des organismes centraux, ne devant plus accepter un poste avant 1946, comme membre du Comité national.
Pendant les années d’occupation allemande, habitant Saint-Maur-des-Fossés, Gaumont garda un contact suivi par correspondance et par lettres avec son ami Gaston Prache, président-directeur de la SGCC et responsable du Mouvement coopératif français devant les autorités civiles françaises et militaires allemandes. Avec Georges Boully (père) et Georges Fauquet, il l’aida souvent de ses conseils et lui fournit un précieux soutien moral. Il l’aida aussi activement, avec Louis Blanchard et Fernand Cattier à maintenir contre les exigences et menaces extérieures, l’existence du Mouvement coopératif scolaire et de son Office central, que Prache présidait depuis la maladie de Bugon en 1939. Il devint secrétaire général de l’OCCE dès 1945, à la demande de Prache et resta pour cet organisme un administrateur fervent et dévoué jusqu’à ce que ses forces amoindries lui interdirent les déplacements à Paris. Au moment des événements douloureux de 1944-1945 survenus au sein de la direction des organismes SGCC, il n’approuva pas les attaques portées contre Gaston Prache. Il a consigné dans ses Souvenirs de nombreuses pages à ce sujet.
En fin d’année 1945, il avait signé le Manifeste coopératif lancé par ses amis Bernard Lavergne, Fauquet, Boully (père) et Gaston Prache, et fondé avec eux l’Association des Amis de la Coopération au bureau de laquelle il siégea deux ans, jusqu’à la mort de cette organisation dont les débuts avaient été prometteurs.
Sous les auspices de la FR parisienne il donna plusieurs conférences dans les années « cinquante » sur le Pacte d’Unité, la doctrine coopérative, Jaurès coopérateur, toutes éditées en brochures.
En plus de sa participation à la vie de l’OCCE, Gaumont avait apporté sa précieuse et compétente collaboration, pour ce qui concernait la partie coopérative, à l’œuvre menée par Jean Maitron du Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier français, une collaboration dans laquelle il fut secondé pendant trois ou quatre ans par le professeur coopérateur Jacques Gans et que Prache poursuivit « post mortem » de Gaumont à la demande des héritiers du défunt en 1972, selon le vœu que celui-ci leur en avait exprimé. Ce fut aussi l’origine du rassemblement en un Fonds commun des archives publiques et personnelles conservées par chacun de ces deux militants coopérateurs au cours de leur existence. »
https://maitron.fr/spip.php?article76154, notice GAUMONT Jean par Gaston Prache, version mise en ligne le 1er février 2010, dernière modification le 1er février 2010.
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« Né le 21 janvier 1876 à Précy-sous-Thil (Côte-d’Or), mort le 16 mars 1972 à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) ; fonctionnaire à l’Assistance publique de Paris ; syndicaliste ; socialiste ; coopérateur ; historien de la coopération.
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Statut légal
- Individu
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Zone du contrôle
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Code d’identification
- FDMSP00436
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