Sources liées
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Zone d’identification
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Nom
- Atriascop
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Zone de description
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Dates
- 1980 - 2001
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Histoire
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Atria a été fondée en septembre 1980 sous le nom d'Association de recherche et d'informations audiovisuelles (ARIA) puis est devenue Association technique de recherches et d'informations audiovisuelle (ATRIA). C'était une association à but non lucratif, doublée d'une coopérative de production : Atriascop. L'objectif de la structure était d'offrir une assistance à la réalisation et à la production d’œuvres cinématographiques.Cette structure, cofondée par Andrée Davanture jusqu'à sa dissolution en 2001, a prolongé sous forme associative des activités initiées en matière de cinématographe par le ministère de la Coopération au début des années 1960. À ce titre, elle a bénéficié d'une subvention du ministère de la Coopération et du Centre national de la cinématographie qui lui ont permis de développer une politique de conseil, d'aide à la réalisation et à la diffusion auprès de nombreux cinéastes africains.
La naissance de la cellule technique qui préfigure la mise en place d’Atria, le Bureau du cinéma du ministère de la Coopération, s’inscrit dans le phénomène de décolonisation de l’Afrique et de la mise en œuvre d’une politique de coopération qui prend le relais de l’administration coloniale. Si les objectifs affichés sont bien différents, on observe cependant une certaine continuité entre ces politiques, ne serait-ce qu’en raison du rapport de dépendance qu’elles induisent entre l’Afrique francophone et la France. Le cinéma fait son apparition dans les colonies africaines dès 1905, date à laquelle L’arroseur arrosé des frères Lumière est diffusé. Les Africains sont uniquement envisagés comme des spectateurs de cinéma… Au contraire des Belges et Britanniques qui produisent des films spécifiquement pour les Africains, la France ne développe pas ce type d’approche pour les sujets de son empire. L’unique mesure prise à Paris avant-guerre sur cette question est l’édiction du décret Laval qui réglemente sévèrement la réalisation en Afrique. Ce décret dispose que « Toute prise de vue dans une colonie d’Afrique occidentale française doit être soumise à l’autorisation du lieutenant gouverneur de la colonie concernée. » Le but de ce texte est de contrôler le contenu des films tournés en Afrique et de réduire à portion congrue la participation des Africains à des œuvres cinématographiques. Le premier film interdit à cause de cette mesure est Afrique 50 de René Vautier qui dénonce les exactions des autorités coloniales. Le réalisateur et ethnologue Jean Rouch souligne que cette mesure n’a pas été appliquée à de nombreux films mais a permis au colonisateur d’empêcher les jeunes Africains de s’approprier l’outil cinématographique à des fins subversives.
Cependant, grâce notamment aux efforts de Jean Rouch, créateur de la docufiction ethnographique, les Africains francophones commencent à s’approprier le septième art dans les années 1950. Jean Rouch emploie lors de ses tournages au Niger et en Côte d’Ivoire des acteurs et techniciens africains. Il révèle deux pionniers du cinéma africain, Oumarou Ganda et Moustapha Alassane. Ces premiers efforts opérés dans les années 1950 pour permettre l’éclosion d’un véritable cinéma africain finissent par influencer la politique culturelle française dans les années 1960, époque marquée par la décolonisation de l’Afrique.
Le ministère de la Coopération est créé par le Général de Gaulle en 1959, avec l’objectif affiché de contribuer au développement des pays ayant acquis leur indépendance dans le cadre de la colonisation. La première base de la politique cinématographique du ministère de la Coopération est la création du Consortium audiovisuel international (CAI) en 1961. Cet organisme permet la mutualisation des moyens pour la création d’actualités filmées des pays africains. Les rushes sont envoyés à Paris où ils sont produits. De cette manière, 416 films d’actualité et documentaires sont produits entre 1961 et 1975.
Jean-René Debrix, ancien directeur général adjoint de l’Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC) est nommé directeur du Bureau du cinéma en 1963, une cellule technique du ministère de la Coopération qui vient alors d’être créée. Avant sa venue, la branche de la coopération chargée des aspects culturels, l’Association pour le développement des échanges culturels et artistiques, s’occupait plutôt de diffuser la littérature, le théâtre, la musique et la danse en Afrique. Jean-René Debrix change le focus du ministère vers le cinéma. Alors que le Consortium audiovisuel international s’adressait aux institutions, le Bureau du cinéma vise les individus. Conséquence immédiate, des fonds sont dégagés pour aider les réalisateurs africains, ainsi que des moyens techniques : laboratoire et chambre d’édition des pellicules 16 mm. C’est ainsi que la base de l’activité de ce qui deviendra Atria apparaît.
Andrée Davanture (Vincensini de son nom de jeune fille) est née en 1933 à Poggiodi-Nazza, un village de montagne corse. Issue d’une famille de neuf enfants, elle n’a pas les moyens de poursuivre des études supérieures et commence donc à travailler à 18 ans. Elle déclare avoir choisi le montage parce qu’elle « aimait la synthèse ». Travaillant d’abord en laboratoire, elle devient ensuite assistante-monteuse en 1953 et travaille sur de nombreux longs métrages du cinéma français. Cheffe-monteuse à partir de 1965, elle découvre le cinéma africain en 1974, année où elle rejoint la cellule technique du ministère de la Coopération. Elle déclarera ultérieurement n’avoir eu au moment de son entrée dans ce service aucune connaissance des cultures africaines, continent où elle n’a encore jamais voyagé (elle s’y rendra pour la première fois en 1976). Cependant, elle souligne avoir été bercée dans son enfance par les récits de voyage d’un des frères de sa mère, parti rejoindre les Forces françaises libres durant la Seconde Guerre mondiale, et d’un oncle, directeur à la Banque d’Afrique de l’Ouest. Son entrée dans cet univers culturel s’est faite, selon ses propres termes, « presque par hasard » grâce à une rencontre avec Lucien Patry, conseiller technique au service Cinéma du ministère de la Coopération, alors qu’elle effectue le montage d’un film sur le Débarquement dont il est le réalisateur. Ce dernier l’invite à participer au visionnage de la sélection africaine du festival francophone de Dinard.
Cela fut un magnifique voyage. J’ai vu « Borrom Sarret » [premier film d’Ousmane Sembène] et je me souviens avoir pleuré. C’est un cinéma qui m’a profondément bouleversée, un cinéma de l’essentiel. J’ai toujours ressenti le besoin d’être en prise sur les choses de mon temps et préférais travailler sur les grands reportages à la télé que sur des fictions sans grand intérêt. J’ai trouvé le cinéma africain tellement différent. Lucien Patry, remarquant son intérêt pour ce cinéma, la fait entrer dans la cellule Cinéma du ministère de la Coopération.
C’est ainsi qu’elle réalise en 1974 le montage de son premier film africain, Sous le signe du vaudou de Pascal Abikanlou. Andrée Davanture estime que son choix de faire évoluer sa carrière vers un cinéma plus confidentiel n’a pas été bien compris dans la profession. Elle précise aussi avoir dû constamment lutter pour obtenir des financements permettant d’effectuer des montages de qualité professionnelle, alors qu’à l’époque peu de moyens sont alloués aux films des réalisateurs africains.
Le 17 septembre 1980, Andrée Davanture est licenciée du Consortium international du film, son employeur officiel. La lettre de licenciement explique que la décision découle de l’interruption des crédits alloués par le ministère de la Culture. En conséquence, elle doit cesser son travail au Bureau du cinéma où elle était détachée. Elle indiquera plus tard que plusieurs facteurs combinés ont conduit à la fermeture du Bureau du cinéma sans qu’elle sache exactement lequel a été déterminant. En 1980, les bâtiments de la cellule technique sont touchés par un incendie. S’ajoutent à cela les pressions exercées par des gouvernements africains mécontents de ne pas avoir la haute main sur la production nationale de leur pays, et peut-être aussi l’augmentation des demandes qui fait reculer le ministère. Lorsque la cellule technique est démantelée, plusieurs films sont encore en production. C’est le cas de Finyè de Souleymane Cissé qu’Atriascop s’occupera de finaliser en 1982.
Le 15 septembre 1980 est fondée l’Association de recherches et d’informations audiovisuelle (ARIA), qui devient l’Association technique de recherches et d’informations audiovisuelles (ATRIA) le 19 octobre 1980. C’est une association à but non lucratif relevant de la Loi du 1er juillet 1901. Elle est doublée d’une coopérative de production, Atriascop. Les membres fondateurs en sont - avec Andrée Davanture - Férid Boughédir (journaliste et universitaire, critique de cinéma à la revue Jeune Afrique et réalisateur), Georges Garcia (économiste et planificateur en éducation), Alain Garnier (chef-opérateur son), Étienne Carton de Grammont (directeur de la photographie), Jacques Lombard (ethnologue et réalisateur), Marie-Christine Rougerie (cheffe-monteuse) et Jean-Jacques Schakmundès (directeur de production). Elle est tout d’abord domiciliée au 12, rue Clavel dans le 19e arrondissement de Paris avant de déménager au 16, boulevard Jules-Ferry dans le 11e arrondissement.
L’objectif de la structure est d’offrir une assistance à la réalisation et à la production d’œuvres cinématographiques. Les activités d’Atria sont réparties entre quatre secteurs.
A) Centre de coordination.
1) Comme relais des festivals (information et réception des organisateurs, visionnage des films, acheminement des copies et des dossiers de presse, organisation des transits).
2) En étant associée à la programmation de journées ou de rétrospectives sur le cinéma africain.
3) En relation particulière avec le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) pour lequel elle avait participé à la création de la Cinémathèque africaine de Ouagadougou (suivi des commandes de laboratoire, repérage des négatifs de contrôle).
B) Assistance technique.
1) À l’état d’idée : consultation portant sur la conception d’un projet de film ou de série télévisée.
2) À l’état de scénario : lecture du texte et, s’il n’était pas prêt à être financé, conseils de réécriture, de réorientation, voire de report ou d’abandon.
3) À l’état de projet : - Recherche de partenaires pour la production. - Envoi du scénario aux organismes susceptibles de s’y intéresser, tels que le ministère de la Coopération. - Recherche de financements auprès des télévisions. - Organisation du visionnage des précédents films de l’auteur par les producteurs et distributeurs potentiels. - Élaboration du devis et du plan de financement. - Présentation de techniciens français au cinéaste. - Facilitation des premiers contacts avec les laboratoires, loueurs de matériel et transitaires en offrant la garantie de fiabilité d’Atria. - Règlement des problèmes d’ordre juridique ou administratif.
4) À l’état de rushes : évaluation de leur potentialité et réalisation d’un premier montage pour procéder à des premières recherches de financement.
5) À l’état de film fini : si cela n’avait pas été le cas en amont, recherche de producteurs en organisant des projections.
C) Lieu de formation. L’association formait des stagiaires aux techniques du montage et coordonnait des stages dans les laboratoires et auditoriums français à la demande du Centre international des étudiants stagiaires (CIES) ainsi que d’autres organismes de formation. Les stages comprenaient une initiation aux différentes techniques cinématographiques : prise de vue, son, mixage, montage. Chaque année, l’association prenait en charge deux ou trois stagiaires.
D) Centre d’information et de documentation. Atria mettait à disposition une importante documentation consacrée au cinéma africain : articles de presse, ouvrages, travaux universitaires, fiches et catalogues. Atriascop assumait pour sa part des missions de gestionnaire de production :
- Réception et contrôle des rushes.
- Repiquage des sons et synchronisation.
- Montage images et son.
- Mise à disposition d’une sonothèque.
- Envoi éventuel de techniciens sur le terrain.
- Gestion des budgets confiés par différents ministères par l’intermédiaire du Centre national de la cinématographie (CNC) ainsi que de ceux apportés par des coproducteurs étrangers. Atriascop remplissait la fonction de producteur exécutif, exigée par certains co-producteurs européens, telles les télévisions.
- Location de cinq salles de montage.
- Statut de correspondante à Paris de la direction de la cinématographie nationale (DCN) du Burkina Faso.
Le premier financement d’Atria provient du Comité inter-mouvements auprès des évacués (Cimade), une association protestante aujourd’hui principalement axée sur la solidarité active avec les étrangers. Atria hérite aussi de deux tables de montage de la cellule technique du ministère de la Coopération. Par la suite, elle bénéficiera concuremment du soutien du CNC et de celui du ministère de la Coopération via une subvention annuelle. L’activité est en majeure partie assurée par le travail bénévole. Il existe deux permanents à Atria et un seul à Atriascop. Les deux piliers de la structure sont Claude Le Gallou, chargée des programmes, et Andrée Davanture, déléguée générale d’Atria qui est payée pour ses prestations de montage à Atriascop.
La situation financière d’Atria a été rendue difficile par la dévaluation du Franc CFA et par un décalage budgétaire bloquant la subvention de 1996. De son côté, Atriascop peinait à équilibrer ses comptes car les réalisateurs, habitués à la gratuité, ne payaient pas leurs factures de montage et ne remboursaient pas les dépenses de laboratoire. De plus, l’utilisation progressive du montage virtuel rendait obsolète l’utilisation du matériel de la coopérative. En 1997, la décision est prise de cesser progressivement l’activité de la coopérative à partir de 1998. Le ministère de la Coopération, alors occupé à sa fusion avec le ministère des Affaires étrangères, propose d’intégrer Atriascop au sein d’ « Afrique en création », une structure impulsée par la France pour valoriser la création africaine. Mais le projet reste dans les cartons. Une dernière subvention est octroyée en 1998 pour apurer les comptes avant la dissolution, qui intervient finalement le 5 janvier 2001.
Andrée Davanture est décédée le 1er juillet 2014 à l’âge de 81 ans. La Cinémathèque française lui a rendu hommage au travers d’une projection du film Yeelen de Souleymane Cissé, le 20 octobre 2014.
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Atria a été fondée en septembre 1980 sous le nom d'Association de recherche et d'informations audiovisuelles (ARIA) puis est devenue Association technique de recherches et d'informations audiovisuelle (ATRIA). C'était une association à but non lucratif, doublée d'une coopérative de production : Atriascop. L'objectif de la structure était d'offrir une assistance à la réalisation et à la production d’œuvres cinématographiques.Cette structure, cofondée par Andrée Davanture jusqu'à sa dissolution en 2001, a prolongé sous forme associative des activités initiées en matière de cinématographe par le ministère de la Coopération au début des années 1960. À ce titre, elle a bénéficié d'une subvention du ministère de la Coopération et du Centre national de la cinématographie qui lui ont permis de développer une politique de conseil, d'aide à la réalisation et à la diffusion auprès de nombreux cinéastes africains.
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Statut légal
- Société coopérative
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Zone du contrôle
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Code d’identification
- FDMSP00445
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Points d’accès